Cantonales : confirmation de la tendance

Le tableau ci dessus éclaire le propos : plus la perspective existe pour le peuple, plus il va voter et l'inverse évidement. Ainsi les pics d'abstention pointent les déconvenues et donc leurs responsables.

Parlons de ces élections. Pas comme à la radio ou dans les journaux.

Pas pour faire de la stratégie de café du commerce sur les reports éventuels pour le second tour mais surtout, derrière le vernis les tendances confirmées ou nouvelles qui se manifestent à l'occasion de ces cantonales, mesurer vers quoi notre pays dérive pour souhaiter voir une force fédérer sur une base de classe ceux décidés à s'y opposer.

N'en rester qu'à une recomposition des droites serait une erreur grave. Cela conduirait à entretenir des illusions qui maintiennent dans l'impasse.

Nous en sommes au énième scrutin qui confirme un divorce entre exigence de reconnaissance et usage du droit de vote parmi les inscrits sur les listes électorales. Il serait bien de savoir quelle est l'évolution de ces inscrits parmi ceux qui disposent de ce droit, puisque même pour les élections locales les "étrangers non communautaires" (savourez la litote pour organiser la ségrégation "nord-sud"), pourtant contribuables à temps plein ne peuvent même pas envisager d'être électeurs à temps partiels.

Plutôt que de se lamenter sur le constat que ceux qui luttent à l'automne vont à la pêche au printemps, il serait plus productif de regarder le fond du pourquoi.

Inconvénient de l'expérience et surtout de son retour, il apparaîtra immédiatement que ce qui évacue des bureaux de vote les électeurs comme tribune du stade à la fin du match, c'est l'absence de liens concrets entre les attentes populaires et les échafaudages de combines électorales hors sol montés par les forces qui autrefois rassemblaient les espoirs et qui ne rassemblent plus que les nostalgiques des vertus de l'isoloir, vertus vidées de leur capacité à concrétiser en engagements, projets et perspectives.

Dans ce contexte l'abstention ne fait que croître et embellir. Par contre la possibilité de la bien qualifier s'affine : on s'abstient plus dans les cantons urbains et populaires que dans les cantons chics et (ou ruraux).

A écouter les chroniqueurs qui pointent la chute de l'UMP, personne ne repose la question de fond de la progression en pourcentage du FN qui ne se fait principalement que par la désertion des bureaux de vote d'une part grandissante de l'électorat populaire au point maintenant que c'est en interne, aidé par ses infiltrés de longue date dans les rouages de l'UMP que l'extrême droite progresse. 

Au plus mesurons que les thèses de replis et d'exclusion permettent au FN dans un pays en crise de mieux contrôler son électorat, de faire passer par les isoloirs à son profits une partie des électeurs de l'UMP, mais pas de progression en voix généralisée. Tandis qu'à gauche la recomposition va se poursuivre, vidant les urnes des suffrages de ceux qui refusent ce jeu. Il ne faut pas se leurrer. Même avec parfois des progrès en pourcentage, alors que les luttes portaient des recherches d'issues, oui le PCf même lié avec le PG au sein de ce FdG perd des voix, le PS aussi, l'extrême gauche idem. Plus, le PS continue à se refaire la cerise sur le dos du PCF.

Il est vrai que cela vaut à droite comme à gauche : pourquoi voter pour une copie quand on peut s'offrir l'original ? Le score des candidats du PCF, quand ils ne sont pas noyés dans la mousse de ce FDG, produit les mêmes effets en direction du PS.

Nous sommes dans la continuité du calcul du maréchaliste de Solutré : légitimer le FN après avoir réussi à faire plier le PCF en le vidant de son assise populaire.

 Cela ne semble plus traumatiser le PCF au point qu'un éditorialiste de Libé ce matin peut écrire : "Le score des écologistes à 9-10% est intéressant, il confirme les succès obtenus par Europe écologie ; de même, 8% pour le Front de gauche, c'est un bon résultat. Cette dynamique est forte. Nous avons donc un PS qui se maintient et deux "booster associés" que sont les écologistes et le Front gauche." Jamais l'idée de force d'appoint n'avait été si clairement affirmée, en rappelant que le propre des booster est d'être largué dès que la mise en orbite est réussie.

A quoi peut-il servir de voter quand il n'y a pas de programme proposé autre que de sanctionner une politique qui dans le cas de ce scrutin est concrètement insanctionnable ?

Cette bataille de la citoyenneté par le vote est une bataille politique à reconstruire pour les forces progressiste à la recherche d'une alternative. Comme toute bataille elle ne pourra s'engager que si elle répond à des objectifs mobilisateurs. Choisir entre le CAC 40, le FMI ou les ratonnades miliciennes, ce n'est pas ce qui tendra le ressort dans les quartiers populaires.

Mais le plus important pour l'avenir est ce qui s'est passé à droite.

De séisme politique en séisme politique remonte à la surface le vieux choc tectonique de l'affrontement de deux plaques historiquement connues. Depuis 1789, La ligne de fracture passe entre ceux qui ont combattu la réaction et ceux qui s'en sont accommodés ou l'on accompagné voir lui ont offerte le cadre de sa rénovation.

Et l'histoire intérieure de ce point de vue est pleine d'enseignement : d'un côté ceux qui dès 1920 se retrouveront à chaque fois du côté de cette droite représentée par l'image de Pétain au point de lui donner les pleins pouvoirs, de l'accompagner dans la trahison,, de continuer à fleurir sa tombe et de travailler à sa réhabilitation face à ceux qui s'y opposèrent ou rompirent avec elle.

Contenu des programmes politiques, conception des relations sociales, place des citoyens et démocratie pour affirmer la place de la puissance politique économique publique chargée d'orienter les choix dans l'intérêt du pays. C'est le débat autour des valeurs du Conseil National de la Résistance et son programme. Arrêter l'incantatoire et remettre l'ouvrage sur le métier.

En gros en 2011, accepter la version UE de soumission aux intérêts économiques des 200 familles d'aujourd'hui comme les portaient ces mêmes 200 familles d'il y a 80 ans.

Et comme aucune force politique dans ce qui devraient être les valeurs de gauche ne porte cette alternative ceux qui se déplacent vers les isoloirs votent utile ou se fondent dans des expériences discutables pour les unes et mortifère pour la plus médiatisée d'entres elles.

L'appel au reflexe républicain démuni de la nature de classe du combat permet à l'UMP de se "siamoiïser" avec le FN sans que cette hypothèse arive à s'afficher au niveau de sa réelle indécence. C'est la confirmation de l'usage de la tunique de De Gaulle maintenant comme habit d'un épouvantail de jardin.

Alors que rien à gauche ne lui permet de le redouter, entre les valeurs d'extrême droite d'alors et un front populaire qui n'existe plus, l'UMP ranime les mannes de Pétain de peur des souvenirs de 36 et de 44.

Comme à l'époque entre Hitler et le front populaire, le Medef par la voix de Kessler a rappelé ses choix, Copé confirme la consigne.

Enseignement de ces élections sur la nature réelle de la droite et du niveau de l'abandon par les partis dits de gauche de leur responsabilité. Voila comment ceux qui dans ces conditions vont voter risquent de se faire fracasser sur les récifs des naufrageurs de la démocratie.

La reconquête dans les conditions de 2011 du Pain de la Paix et de la Liberté dans ce cadre là reste un objectif refondateur.