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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Des origines peu affriolantes de la doctrine de l'euro. Etat des lieux de la pensée qui le sous tend

Publié le 6 Août 2013 par Canaille Lerouge

Depuis le « Phare Ouest » de La Canaille, où le temps est plus clément qu’en zones caniculaires, l’air iodé permet de se donner de ces instants de réflexion toujours jubilatoires. Cela aide à garder le cap et à s’armer pour un retour qui promet d’être coton.

 

L’inconvénient de la période estivale, c’est l’écart imposé par la technologie entre le lecteur régulier et le claviéripracteur qui ne se réduira durablement que dès la rentrée accomplie.

 

Avantage : le nez moins sur l’immédiat permet à Canaille le Rouge de venir vous entretenir de façon plus distanciée. C’est le cas aujourd'hui.

 

Rassurez-vous, cela n’empêchera pas de revenir rapidement sur les préconisations perfides du FMI à propos des retraites et des « déficits » mais offrons nous une petite excursion estivale dans l’espace philosophique.

 

Le Diplo d’août propose un texte très fort de Frédéric Lordon « Contre une austérité à perpétuité, Sortir de l’euro ? » sur les critères de domination de la monnaie unique et l’hégémonie de l’Allemagne dans leur définition. Dans le Monde du 2 août (daté Dim-lundi) une page de JP Faye sur les intellectuels qui ont permis la nazification de l’esprit allemand dans les années 30, singulièrement Ernst Jünger, Carl Schmidt et Martin Heidegger en avançant cette idée forte : « il faut enfin admettre que ce sont trois grands esprits philosophiques – Heidegger, Jünger et Schmitt  qui ont fait le lit d'Hitler ».  sorte de Pieds Nickelés de la terreur brune qu’ils ont philosophiquement défendu, porté et structuré jusqu’à la présence de Jünger dans l’état-major de Speidel à Paris (suivi de son refus de la dénazification) et cette mise en norme de « l’Etat total » par C. Schmidt devant les représentants du grand capital allemand.

 

Le papier de JP Faye qui tombe bien au moment où une opération de cosmétisation du nazisme est engagé à propos d’une forme de maladie qui aurait fait dévier « la clairvoyance du führer » (voir le coup de gueule de mon ami Jean à propos d’un certain Dr Plouvier et ses horreurs non médiatiquement dénoncées "hitler-une-biographie-medicale-et-politique-"un-livre-qui-aujourd-hui-rehabilite-ouvertement) après le coup de gueule de La Canaille il y a quelques jours : 1933-2013-les-absences-du-nouvel-observateur.

 

Outre l’intérêt propre de ces deux articles qui proposent clés de compréhension et capacités avec d’ouvrir des portes pour construire une issue à la crise, ce sont sans qu’ils les aient recherchées les passerelles qui s’établissent pour produire une construction expliquant les mécanismes de l’hégémonie économico-industrielle allemande de ce 21ème siècle mais surtout comment s’est opéré le retournement idéologique qui fait que ceux qui préconisent la souveraineté populaire sont taxés de totalitaires par ceux qui ont inventé et peaufiné le concept pour le brandir contre la démocratie et sont devenus avec le temps les maitres à penser de l’idéologie préconisant l’abandon de la souveraineté par celui qui en est exclusivement dépositaire : le peuple.

 

Bien sûr, La Canaille vous donne le lien pour avoir ces deux textes sous le coude (et par la même occasion vous conseille l’article d’Evo Moralès dans ce même Diplo à propos de l’acte de terrorisme flibustier international opéré contre le chef d’un état souverain, la Bolivie, fin juin dernier).

 

JP Faye : le monde.fr/idées/article le-nazisme-des-intellectuels

F. Lordon (présentation de l’article) Diplo-LORDON/49561 sortir de l'euro?

 

Pour construire sa démonstration sur la nécessité d’en finir avec la monnaie unique (démonstration ici bien évidement partagée), F. Lordon part du constat que tous ceux qui parlent de souveraineté sont « istés » en souverainiste, ceux qui parlent de peuple, affublés du même suffixe deviennent des populistes et à ce titre suppôt du « fn », donc volontairement ou non (quels hypocrites) des auxiliaires de l’extrême droite.

 

Moment savoureux de la démonstration de Lordon quand il soumet à l’épreuve de la logique et la dialectique le fait que si le peuple souverain est l’ennemi c’est que fondamentalement celui qui porte cette idée est par définition contre la démocratie et donc totalitaire.

 

Notons, et F Lordon pointe ironiquement les faux culs, qu’ainsi outre le fait que ceux qui à « gauche » du PS se recroquevillent dès que la souveraineté populaire et sa dimension nationale sont évoquées, l’UMP resterait au côté du PS les seuls dans le camp de la démocratie. Ces deux forces politiques principales responsables d’un « golpe » sur le résultat du référendum qui les fait hurler quand Poutine, reprenant leur méthode, se moque du résultat issu des urnes. Nos donneurs de leçons politiques usant dans leurs pratiques d’un concept de totalitarisme à visage démocratique qui comme  oxymore est un terrible modèle du genre.

 

Coïncidence, JP Faye revient sur l’origine du mot totalitaire en politique, sa racine mussolinienne comme volonté d’imposer un état non social ou seules les forces de répression et législatives seraient dans le giron public, renforcées pour imposer l’Ordre Nouveau, principe accueilli avec ferveur en Italie dès les années 20 et présenté par les pieds nickelés de l’idéologie nazie au capital allemand (qui s’enthousiasme) dès 1932.(Le rappel du choix de l’engagement nazi d’Heidegger n’étant pas la moindre vertu du propos de JP Faye qui rappelle opportunément le cour sur Héraclite où il énonce « la nécessité de "l'attaque", dans le but "d'effectuer l'extermination totale". »).

 

Au passage Faye pointe la curiosité avec laquelle Hannah Arendt même si elle a rompu avec Heidegger (mais elle témoignera en sa faveur lors de son procès pour ses responsabilités dans la construction de l’idéologie nazie) a continué le sillon de ce « totalitarisme » pour y inscrire ceux qui l’ont combattu avec le plus de force, les y agglomérer, ceux qui sont aujourd’hui ceux qui contestent l’idéologie dominante forgée par les « Heidegger et Jünger-Schmidt Gesellschaft » recyclés dans l’après-guerre et qui passeront du pro nazisme militant à un européanisme fébrile après une discrète retraite pour laisser se calmer les esprits.

 

Mieux encore n’est-il pas touchant de voir comment l’idéologie patronale se structure autour de la déconstruction permanente qui alimente la justification des précarités, déconstruction qui deviendra le fonds de commerce d’un Heidegger en mal de revirginisation, exercice toujours difficile à réussir ?

 

L’Europe du nord au sud et de l’est à l’ouest, l’Afrique en prime sont victimes d’une pensée qui trouve ses racines dans le national-socialisme de ces esprits présentés dans les années 50-60 comme les plus éclairés une fois décalaminés de leur gangue brune si peu présentable par leurs actuels thuriféraires, allant jusqu’à faire de Jünger un opposant à Hitler.

 

Ici véritablement et les fils se nouent entre F. Lordon et J-P. Faye pour donner à voir les principes qui pilotent les capitalismes nationaux et leur internationalisme permanent validé par leur mondialisation, elle toujours à l’œuvre.

 

 

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